Lumière 2013 Grand Lyon Film Festival

Il y a six ans, les grincheux ne voyaient pas comment on pouvait mettre en place un nouveau grand festival de cinéma en France, pays du Festival de Cannes où il y a pratiquement un festival par semaine et déclinant tous les thèmes possibles (sciences, histoire, humour, horreur et même films de parapentes). Avec le succès remporté par cette cinquième édition du Lumière Grand Lyon Film Festival, et le plaisir qu’on y a pris, on se demande comment on a pu faire partie de ces grincheux…

La grande originalité du Festival Lumière est de montrer des films classiques, des films rares et anciens, des restaurations récentes, des copies 35mm retrouvées par hasard. La plupart des réalisateurs sont morts : Germaine Dulac, Henri Verneuil, Ingmar Bergman, Cecil B. DeMille, Lino Brocka, Otto Preminger ou Sydney Pollack. Les films proposés, on en a toujours entendu parler et on ne les a jamais vu (Une Femme douce de Robert Bresson), ou on les a vu quand on avait 15 ans et on a un peu oublié ou rien compris à l’époque (Providence d’Alain Resnais) ; ou on en a jamais entendu parler (Gli Ultimi de David Maria Turoldo et Vito Pandolfi). Et pour faire venir le grand public, on invite des vedettes bien vivantes à présenter, devant les spectateurs, le film choisi. Des jeunes, des moins jeunes, acteurs ou réalisateurs. Il y a Clotilde Coureau et Rome ville ouverte, Belmondo pour Un Singe en hiver, Max Von Sydow pour Les Communiants, Eric Guirado pour A l’Est d’Eden. Il y a des hommages à Dominique Sanda en sa présence,  un prix remis à Quentin Tarantino en sa présence.

Dans cette célébration du cinéma classique par ceux qui le font aujourd’hui, il y a une ambiance étonnante qui peut surprendre les habitués de Cannes. Ici tout le monde se mélange avec bonheur et sans heurts, personne ne hurle quand Uma Thurman entre dans la salle, personne ne remarque Luc Dardenne assis au milieu des spectateurs et personne (ou presque) ne s’étonne de croiser Fatih Akin sur les pelouses de la villa Lumière ou Tim Roth dans les rues du Vieux Lyon. En une semaine lyonnaise, on côtoie plus de vedettes qu’en 10 ans de Croisette. A Lyon, une seule couleur d’accréditation et des projections ouvertes à tous, les journalistes comme les lycéens.

On apprécie aussi que ces projections aient lieu dans de vrais cinémas, tous les cinémas de l’agglomération éparpillés dans des quartiers très différents, avec des habitués qui le sont tout autant. Même les grands cinémas commerciaux mettent à disposition quelques unes de leurs salles et se laissent envahir par un public moins portés sur le pop-corn et les comédies grassouillettes. Et bien évidemment, attirés par les frissons médiatiques du festival et le renom d’une vedette internationale, les Lyonnais redécouvrent leur cinéma de quartier.

Cette grande célébration du cinéma, orchestrée par Thierry Frémeaux avec l’aide des collectivités territoriales, du CNC et des spécialistes de la restauration des films, est une vraie réussite. Comme quoi le tapis rouge, c’est pas indispensable.

Magali Van Reeth

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