Festival du film pour la jeunesse, le « Schlingel » 2016 de Chemnitz, 21e édition
Parmi les centaines de festivals de cinéma qui existent en Europe, rares sont ceux qui s’adressent uniquement au jeune public. A Chemnitz, en Allemagne, l’Internationales Film Festival für Kinder und Junges Publikum existe depuis 1995. Proposant des films d’animation, des courts-métrages et des films de fiction, il s’est déroulé cette année du 26 septembre au 2 octobre. On l’appelle le Schlingel, un vocable qui désigne en Allemand un enfant espiègle, un « petit voyou » bien sympathique.
174 films venus de 54 pays différents sont proposés dans les différentes sélections qui couvrent les tranches d’âge allant de 4 à 16 ans. Et, pour un jury, c’est sans doute là l’une des principales difficultés. Comment juger sur un même plan un charmant contes de fée contemporain pour les 5-6 ans (Meester Kikker/Monsieur Grenouille d’Anna van der Heide) et une comédie politique soixante-huitarde pour les 14-15 ans (La Drum cu tata/Voyage avec mon père d’Anca Miruna Lazarescu) ? Si l’attente envers les exigence artistiques et les qualités techniques est identique, il est parfois difficile d’anticiper les réactions du public visé.
Heureusement, de très nombreuses séances accueillent des scolaires de la maternelle au lycée et les membres des différents jurys peuvent sentir les réaction de ce public. On constate que ce qui fait rire les adultes ne fait pas toujours rire les enfants. Lors de certaines projections, les collégiens montrent par leur agitation qu’ils n’accrochent pas au film, alors que la fin d’un autre soulève un énorme soupir de déception : ils auraient aimé rester plus longuement en compagnie des personnages. Pourtant, lors de la remise des prix, on s’aperçoit que les films retenus par les jurys adultes sont aussi primés par les jurys jeunes. Ainsi Thinh Vinh Tran/Des fleurs jaunes sur l’herbe verte de Victor Vu (Vietnam) a été primé par le jury jeunes européens (16 collégiens de 8 pays différents) et par le jury des professionnel du cinéma. Et Hunt for the Wilderpeople de Taika Waititi (Nouvelle-Zélande) par le jury œcuménique et par le jury lycéen.
Au fil des années, et avec l’aide de la municipalité de Chemnitz, de la région et de nombreux partenaires privés, son directeur Michael Harbauer a su faire du Schlingel un festival chaleureux et très convivial, prenant soin de tous : spectateurs, jurés, réalisateurs. L’excellente sélection ainsi que l’hommage au réalisateur Hermann Zschoche permet de découvrir une foisonnante production qu’on a rarement l’occasion de voir sur les écrans en France.
Le prix Fipresci a été décerné à The Eagle Huntress, un documentaire du réalisateur américain Otto Bell, tourné dans les paysages splendides de la Mongolie, retraçant le parcours inhabituel d’une jeune fille de13 ans qui veut, à la suite de son père et grand-père, élever un aigle pour chasser et participer à un concours d’éleveurs d’aigles, traditionnellement réservé aux hommes.
Magali Van Reeth