Pour Jean Roy

Jean Roy n’est plus. Cette triste nouvelle frappe au cœur non seulement les membres de l’UJC, qu’il a co-fondée en 2001, puis présidée pendant toutes les années 2010, mais aussi les professionnels du cinéma du monde entier.

Son premier métier, la critique, s’était placé sous l’égide d’une cinéphilie qui me l’avait fait connaître sur les bancs de la Cinémathèque, lorsqu’Henri Langlois en était à la tête, lors de ces fameuses soirées où nous nous pressions parce que l’invitée du soir était Gloria Swanson — ou une autre star de l’histoire du cinéma. Et lorsque j’animais le ciné-club de l’Université de Nanterre, c’était Jean qui m’amenait chaque semaine les copies en provenance de la Fédération Française des Ciné-Clubs, avec le sourire malgré cette corvée répétitive.

Son deuxième métier, ce fut, pendant une longue période, la direction de la Semaine de la Critique cannoise. J’étais alors au Conseil du Syndicat de la Critique, qui l’organise, et nos chemins se sont donc à nouveau rapprochés. Notre amitié s’est aussi développée au fil des festivals que nous suivions, en France et à l’étranger, et j’y ai été le témoin de son aura, et de la sympathie qu’il rencontrait auprès des réalisateurs, des producteurs, bref, des professionnels du monde entier, qui étaient sélectionné sous ses mandatures, entre 1984 et 1999.

Jean m’avait fait l’honneur et le plaisir de me demander de lui remettre sa médaille de la Légion d’Honneur. Cela fut fait lors d’une belle cérémonie sur l’estrade du Festival du Film de Bari, autre signe de l’estime qu’on lui portait partout.

Jean, c’était aussi le plaisir de discuter des plans et contreplans de John Ford lors de la sortie de son livre sur le cinéaste américain, de disserter après l’un ou l’autre film sur le cinéma… et le reste, de l’accompagner lorsqu’il fut élu Président de la FIPRESCI, la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique, de le croiser dans les avions un peu partout dans le monde où il y avait un festival de cinéma. 

Bon voyage mon ami.

Philippe J. Maarek

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